L’AFVT participe au Young Ambassadors Program à New York

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L’Association française des Victimes du Terrorisme vient d’organiser le déplacement de trois jeunes Français, victimes du terrorisme en 2015 et en 2016, pour leur faire vivre une expérience exceptionnelle à New York, aux côtés d’autres jeunes, eux aussi impactés directement ou indirectement par le terrorisme.

Ce séjour d’une semaine se produit chaque année sous l’impulsion d’une ONG américaine membre de la FIAVT (Fédération Internationale des Associations de Victimes du Terrorisme), Strength To Strength, et de sa fondatrice, Sarri SINGER.

Le mardi 24 avril, l’AFVT s’est envolée pour New York pour la quatrième fois depuis l’existence du Young Ambassadors Program. Le directeur adjoint chargé de la prévention de l’AFVT, Stéphane LACOMBE, accompagne Adam, âgé de 15 ans, et Mélanie et Jhanelle, toutes deux âgées de 18 ans.

Adam est le fils d’une otage rescapée de l’Hyper Cacher, le 9 janvier 2015.

Jhanelle et Mélanie ont vécu l’attentat de la Promenade des Anglais à Nice, le 14 juillet 2016. Toutes deux ont déjà participé au Projet Phoenix ados et au Projet Papillon, deux programmes thérapeutiques conçus par l’Association française des Victimes du Terrorisme.

Le groupe de Young Ambassadors Program 2018

Au total, 17 jeunes issus d’Argentine, d’Espagne, d’Irlande du Nord (Royaume-Uni), d’Israël, des États-Unis et de France participent à l’édition 2018. Ils sont encadrés par les représentants des associations suivantes :

  • Asociacion de Ayuda a las Victimas del 11-M (Espagne)
  • Association française des Victimes du Terrorisme (France)
  • El Celtyv (Argentine)
  • Omagh Support and Self Help Group (Royaume-Uni)
  • Strength To Strength (États-Unis)

 

Bilan du 1er jour

La journée du mercredi 25 avril s’est construite autour d’une élaboration personnelle et individuelle destinée à donner un espace à chacun et à construire le groupe.

Les récits ont vibré d’une résonance particulière permettant d’aborder de nombreuses problématiques liées aux victimes du terrorisme, différentes approches du phénomène, de multiples temporalités et contextes politiques selon les pays représentés.

Du côté espagnol, le petit-fils d’un démineur tué par un paquet piégé de l’organisation terroriste ETA en 1979 était présent aux côtés des membres de deux familles qui ne se connaissaient pas mais dont le destin est irrémédiablement lié aux attentats d’Atocha en 2004.

Le témoignage d’une Argentine a permis d’offrir un éclairage différent sur les années 70, dans le contexte d’une tension politique et sociale dans un pays dirigé par une junte militaire coupable de nombreuses violations des droits de l’Homme. Son grand-père, issu d’une lignée de militaires, a été abattu en tenue civile par des membres de l’organisation d’extrême-gauche Montoneros alors que cette dernière vivait en 1976 ses derniers soubresauts avant son effondrement définitif.

Un Américano-Israélien a témoigné de l’attaque à l’arme automatique dont il a été réchappé en Israël. Il y a perdu son meilleur ami, et deux autres personnes sont décédées ce jour-là.

Une Israélienne a perdu son frère militaire, abattu par un sniper du Hamas. Une autre a perdu son frère, tué à un arrêt de bus par un kamikaze à peine plus âgé que lui.

Le contexte d’un conflit politique officiellement « à basse intensité » a également été partagé avec deux jeunes vivant dans une ville d’Irlande du Nord coupée en deux, avec une partie protestante et une partie catholique. Rescapés de plusieurs attaques menées avec des bombes artisanales et tentatives de lynchage, ils vivent dans une enclave protégée par un mur faisant de leur quartier une prison à ciel ouvert.

Un troisième jeune a relaté le climat d’intimidation et de menace permanente qui pesait sur sa famille.

Du côté français, Adam a témoigné pour la première fois sur la prise d’otages de l’Hyper Cacher. Jhanelle et Mélanie ont exposé ce qu’elles avaient vécu à Nice, le soir du 14 juillet 2016.

Forte en émotions et en échanges, cette première journée s’est terminée sur une escapade à Times Square et un dîner au restaurant Planet Hollywood.

 

Bilan du 2ème jour

La deuxième journée a permis d’organiser une visite guidée du musée du 11/9 situé à proximité du mémorial sur l’emplacement des deux tours jumelles.

De nombreuses histoires personnelles sont exposées en sous-sol suivant un parcours amenant les visiteurs au niveau de ce qui constituait le parking souterrain du World Trade Center.

L’endroit où était postée la camionnette piégée, lors du premier attentat commis en 1993, est parfaitement localisé.

Le mémorial et le musée dédié aux victimes du 11/9 inclut les 6 victimes décédées de l’attentat de 1993. Il contient également de nombreux objets personnels, débris, carcasses, matériaux et archives audiovisuelles permettant d’incarner cette journée du 11/9.

La visite a été assurée par un rescapé, Tom CANAVAN. Il fait partie des 20 miraculés à avoir survécu à l’écroulement des tours. Ce dernier a expliqué au groupe de Young Ambassadors Program la conception du site et a détaillé un certain nombre de faits, parfois peu connus du grand public.

« Je considère cet endroit comme mon chez moi. Je reste attentif à tout ce qui s’y passe et j’aide tous ceux qui viennent visiter ce musée. Il est important pour moi de témoigner, d’expliquer aux gens du monde entier, non pas uniquement ma propre histoire, mais à travers la mienne, celle des 3000 personnes qui ne sont pas revenues vivantes de cette journée. Il y a la nécessité d’éduquer les gens sur les faits. Il circule sur internet beaucoup de bêtises, d’histoires inventées, y compris sur moi. Lorsque je suis sorti des décombres, j’étais hébété, et une équipe de télévision est allée vers moi. J’ai parlé à la caméra, sans me rendre compte que j’étais ensanglanté. Certains ont prétendu que le sang sur mon visage était faux, que j’étais un acteur payé pour me faire passer pour un rescapé. Que s’est-il passé le 11-Septembre ? Deux avions de ligne ont percuté deux tours qui se sont ensuite écroulées. Ce sont les faits. » (Propos recueillis sur place et mis en forme par Stéphane LACOMBE)

 

Quartier général de la police de New York

En début d’après-midi, le groupe a été reçu par le commissaire O’Neill. Ce dernier a répondu aux questions portant notamment sur la menace terroriste et sur la prise en charge des victimes dans une ville comme New York. La réunion s’est tenue dans la salle de commandement à partir de laquelle le commissaire O’Neill peut avoir une visibilité totale sur le territoire mais aussi sur les effectifs individuels des trois corps qui compose nt les forces de police new-yorkaises, ainsi que sur les incidents rapportés en temps réel.

Les attentats commis en 2015 et en 2016 ont été évoqués par Stéphane LACOMBE car la police de New York dispose d’un correspondant en France qui permet de faciliter les échanges entre la police de New York et les forces de police en France afin d’évoquer les préoccupations mutuelles de sécurisation de l’espace urbain et les procédures d’intervention.

Une visite au centre de crise de la police de New York a permis ensuite de comprendre l’articulation opérationnelle entre la police et les différents services officiels, comme le FBI, avec de nombreux postes de travail contenant une ligne reliée à chaque service.

La journée s’est conclue sur une balade sur le fleuve Hudson à bord d’un bateau de la police de New York, permettant de découvrir la ville avec une autre perspective. Cette séquence était destinée à procurer des sensations fortes et libérer les émotions, tout en assurant la cohésion du groupe.

 

A lire sur notre site…

  • Vous pouvez consulter ici l’article de l’AFVT sur Young Ambassadors Program 2011.
  • Vous pouvez consulter ici l’article de l’AFVT sur Young Ambassadors Program 2016.
  • Vous pouvez cliquer ici pour visionner le témoignage vidéo de Sarri SINGER issu de la collection VOICES.

 

Avec le soutien de l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre (ONACVG) et de la Fondation de France

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A propos de l’AFVT

La vocation de l’Association française des Victimes du Terrorisme est d’agir au plus près des victimes du terrorisme pour accompagner leur travail de guérison, de reconnaissance, de vérité, de deuil et de mémoire tout en soutenant la lutte contre la banalisation de la violence et la barbarie.


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