Tentative d’assassinat d’Yvan Colonna en prison

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Qui est Yvan Colonna ?

Yvan Colonna, né le 7 avril 1960 à Ajaccio, est un éleveur et un militant indépendantise corse, surnommé le « berger de Cargèse » par la presse française. Mais il est surtout connu pour avoir eu lourdement affaire à la justice française.

En 1997, est impliqué dans l’attaque à l’explosif de la gendarmerie de Pietrosella, en Corse du Sud, au cours de laquelle deux gendarmes sont pris en otage, un évènement qui lui vaut d’être poursuivi pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ».

Puis, en 1998, il participe à l’assassinat du préfet de Corse, Claude Erignac, à Ajaccio. Les autres membres du groupe indépendantiste corse ayant perpétré cet assassinat sont condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité, une peine à laquelle Yvan Colonna n’échappe pas, lorsqu’il est enfin arrêté par les policiers après plusieurs années de cavale.

Il est donc condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en 2011 par la cour d’assises de Paris spécialement composée. Après avoir été incarcéré plusieurs années à Fresnes, puis à Toulon, il est détenu depuis 2013 à la centrale d’Arles (Bouches-du-Rhône).

 

Une violente agression

Le mercredi 2 mars 2022 au matin, Yvan Colonna, âgé de 61 ans, est victime d’une violente agression de la part d’un de ses codétenus, Franck Elong Abé, un camerounais de 35 ans, à la centrale d’Arles.

Selon le déroulé des faits, expliqué par Jean-François Ricard, le procureur national antiterroriste, Yvan Colonna se serait rendu à 8h00 du matin à la salle de sport, conformément à son rituel matinal. A 8h30, le détenu qui était avec lui est remonté dans sa cellule, et Yvan Colonna a poursuivi seul ses activités sportives.

Depuis septembre 2021, chaque jour entre 8 h 30 et 11 heures, Franck Elong Abé, l’assaillant, était en charge du nettoyage des salles de sport. Peu avant 10h25, ce dernier a informé un surveillant que Yvan Colonna avait fait un « malaise ». D’autres surveillants ainsi que des soignants sont alors intervenus, que Franck Elong Abé a feint d’aider avant d’être raccompagné en cellule.

Les caméras de vidéosurveillance de la salle de sport ont permis de démontrer qu’en réalité, entre 10h00 et 10h25, Franck Elong Abé a pénétré dans la salle de sport, alors qu’Yvan Colonna était en plein exercice. Après avoir changé un sac poubelle, il s’est précipité sur lui, lui a sauté sur le dos, et pendant près de 8 minutes, lui a porté de violents coups et a tenté de l’étrangler et de l’étouffer, notamment par l’usage de sac poubelle et de serviettes.

Yvan Colonna a été découvert par les surveillants en arrêt cardio-respiratoire. Dans le coma à l’hôpital de Marseille, son pronostic vital serait toujours engagé, l’homme se trouvant, selon le procureur national antiterroriste, « entre la vie et la mort ».

 

Pourquoi ?

L’agresseur, Franck Elong Abé, qui avait côtoyé à plusieurs reprises Yvan Colonna, a justifié son acte, de façon réitérée, par ce qu’il considérait comme des « blasphèmes ». Les jours précédant l’attaque, il explique qu’Yvan Colonna aurait « mal parlé du prophète » et aurait dit « cracher sur Dieu ». Franck Elong Abé avait déjà eu des comportements violents envers d’autres personnes, et avait été à l’origine de multiples incidents disciplinaires durant sa détention, au sein des cinq établissements par lesquels il était passé.

L’homme aurait également à plusieurs reprises exprimé son idéologie radicale auprès d’autres détenus. Il parlait de « mécréants », et se réjouissait de certains attentats, notamment l’assassinat de Samuel Paty en 2020.

 

Enquête et procédure judiciaire

Dès le jeudi 3 mars, le parquet national antiterroriste (Pnat) s’est saisi des faits, motivé par différentes raisons et l’exclusion d’un « différend d’ordre personnel ». D’abord, le procureur national antiterroriste a relevé la violence des faits, marquée notamment par une « durée qui témoigne d’une intention homicide avérée et réitérée de l’auteur présumé ». Ensuite, il a noté que le motif ne pouvait être que celui résultant d’une conception religieuse extrémiste. Enfin, le parcours de l’intéressé révélait qu’il était partisan de l’islamisme radical. Franck Elong Abé était détenu depuis 2014 pour avoir mené des « actions armées aux côtés des talibans en Afghanistan courant 2011-2012 ». Il avait été arrêté à un passage frontière en octobre 2012, puis renvoyé en France en mai 2014 avant d’être jugé en 2016.

Franck Elong Abé a immédiatement été placé en garde à vue, laquelle a été levée le dimanche 6 mars. Dans cette lignée, Jean-François Ricard a annoncé le jour même l’ouverture d’une information judiciaire pour « tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste » et « association de malfaiteurs terroriste ». Il a informé de la mise en examen de l’agresseur, ainsi que son placement en détention provisoire. Il avait le statut de détenu particulièrement surveillé depuis son incarcération. Sa peine était censée se terminer en décembre 2023.

L’objectif des investigations sera de retracer avec minutie le parcours de détention de l’agresseur, de déterminer la totalité de ses contacts, et d’éclaircir les éventuelles interactions qu’il aurait eu susceptibles d’avoir joué un rôle dans les faits. En clair, il s’agit de déterminer, outre le mobile de cette tentative d’assassinat, s’il y a eu « des complicités », explique l’un des avocats d’Yvan Colonna, Maître Sylvain Cormier.

 

Une suspension de peine pour Yvan Colonna

Parallèlement à l’instruction, le juge d’application des peines antiterroriste, après avis favorable du Pnat, a accordé le jeudi 17 mars une suspension de peine pour « motif médical » à Yvan Colonna, toujours dans le coma.

Cette demande avait été déposée par les avocats du militant indépendantiste corse. En effet, la loi prévoit la possibilité de suspendre une peine si le pronostic vital du condamné est engagé.

Cette décision est un « vrai soulagement » pour la famille, affirme Maître Sylvain Cormier. Concrètement, il explique que cette suspension permettra à son client d’être libre tant que des soins seront nécessaires, et donc de s’affranchir des contraintes très lourdes liées à l’emprisonnement le temps des soins.

 

Sources :

 

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