BURKINA FASO – Attaques à l’arme automatique à Ouagadougou

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afvt_bouton_attentat-ouagadougou-2015Vendredi 15 et samedi 16 janvier 2016

Attaques à l’arme automatique à Ouagadougou (Burkina Faso)

Les 15 et 16 janvier 2016, un commando terroriste ouvre le feu sur la terrasse d’un café de la capitale burkinabè, le Cappuccino, puis attaque l’hôtel Splendide, assassinant une trentaine de personnes et blessant près de 70 individus. Traqués par les forces burkinabè et françaises, les terroristes sont tués le lendemain matin au café Taxi Brousse.

Série d’attaques dans des lieux publics

Les attentats de Ouagadougou reprennent le mode opératoire de la tuerie de masse, introduit par les attentats de Mumbai (Inde) en 2008 : une série d’attaques perpétrées à l’arme automatique et à l’explosif dans des lieux publics très fréquentés. Ce type d’opération vise à causer un maximum de victimes, à faire durer l’action pour optimiser l’attention médiatique et à complexifier la réponse des forces de l’ordre en multipliant les sites attaqués. L’attentat est similaire à l’attaque de l’hôtel Radisson Blu à Bamako (Mali) en novembre 2015, et aux attentats de Grand-Bassam (Côte d’Ivoire) en mars 2016.

Carte ouagadougou

Le vendredi 15 janvier 2016, vers 19h30, un commando terroriste vraisemblablement composé de trois hommes armés de fusil d’assaut de type kalachnikov ouvre le feu sur la terrasse du café-restaurant Capuccino situé sur l’avenue Kwamé N’Krumah. À cette heure, une cinquantaine de clients est attablée à la terrasse de cet établissement populaire chez les ressortissants étrangers. Cette première attaque va causer la mort de 30 personnes, essentiellement en terrasse et au rez-de chaussée, les clients se trouvant au fond du café et au premier étage ayant réussi à s’échapper. En l’absence de réaction des forces de sécurités burkinabè, les terroristes achèvent les blessés et incendient une dizaine de véhicules à proximité.

La suite de l’attaque reste confuse. Ciblés par les forces de sécurité burkinabè, les terroristes se dirigent aux alentours de 20 heures vers l’hôtel Splendide, situé directement en face du Capuccino, et ouvrent le feu sur les clients ainsi que les passants. Aucun mort n’est à déplorer mais une trentaine de blessés nécessitent d’être pris en charge.

À l’intérieur de l’hôtel, les terroristes parviennent à piéger certaines portes afin de ralentir un éventuel assaut. Celui-ci n’aura lieu que vers 1h00 du matin lorsque les forces spéciales françaises, déployées depuis Gao (Mali) à la demande des autorités burkinabè arrivent sur les lieux. Au terme de quatre heures de fouilles méticuleuses et de l’extraction de près de 150 clients, le tout réalisé en coopération avec les forces burkinabè, les terroristes demeurent introuvables. Pourtant, un militaire français est touché par une balle qui semble avoir été tirée depuis l’extérieur.

Les forces de sécurité se dirigent ensuite vers l’hôtel Yibi, situé sur le trottoir d’en face, ainsi qu’au Capuccino et procèdent à une fouille qui se révèle infructueuse. C’est au lever du jour qu’un terroriste sort du Taxi Brousse, face au Capuccino. Il tente alors d’attaquer les forces de sécurités burkinabè, et est immédiatement abattu. Vers 5h00 du matin, les deux autres terroristes qui s’étaient barricadés à l’intérieur du Taxi Brousse sortent à leur tour et sont tués.

Selon certaines sources, un quatrième terroriste aurait été neutralisé à l’hôtel Yibi sans que cela ne soit pour l’instant confirmé.

Les victimes

L’attentat de Ouagadougou a coûté la vie à 30 personnes. On compte également près de 70 blessés.

8 Burkinabés et 22 ressortissants étrangers ont été tués.

Ces victimes fatales provenaient de neuf pays et incluaient des individus binationaux : 1 Américain, 6 Canadiens, 4 Français, 1 Libyen, 1 Marocaine, 1 Néerlandais, 1 Portugais, 2 Suisses et 2 Ukrainiens. Par ailleurs, 5 corps n’ont pas encore été identifiés.

Les quatre victimes fatales françaises sont :

  • Leila ALAOUI, photographe franco-marocaine, âgée de 33 ans (son décès survient le 18 janvier).
  • Arnaud CAZIER, âgé de 41 ans.
  • Victoria SANTOMENNA VANKOBSKA, épouse franco-ukrainienne du propriétaire du café Capuccino (son fils italien Michel, âgé de 9 ans, a également été tué dans l’attaque).
  • Eddie TOUATI, âgé de 54 ans.

S’y ajoute Antonio DE OLIVEIRA BASTO, un Portugais de 52 ans résidant en France depuis 1981.

Un attentat revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI)

Un communiqué d’AQMI, daté du 17 janvier 2016, revendique l’attentat de Ouagadougou. Selon ce document, l’attaque terroriste visait les ressortissants étrangers, et plus particulièrement les Français en raison du rôle militaire joué par Paris en Afrique subsaharienne. En effet, depuis août 2014, l’armée française intervient régulièrement contre les groupes djihadistes sahéliens dans le cadre de l’opération Barkhane. À ce titre, le Burkina Faso accueille une base des forces spéciales françaises, lesquelles ont vocation à intervenir dans tout le Sahel.

Le groupe Al-Mourabitoune pourrait également être impliqué dans cette action terroriste. En effet, son chef Mokhtar Bel Mokhtar a officiellement prêté allégeance à AQMI le 4 décembre 2015, et le Burkina Faso se situe dans la zone d’action de ce mouvement. Par ailleurs, Al-Mourabitoune avait déjà revendiqué un attentat similaire le 20 novembre 2015 à l’hôtel Radisson Blu à Bamako (Mali). Notons que l’attentat de Ouagadougou intervient dans le cadre d’une lutte d’influence entre la nébuleuse Al-Qaïda et l’organisation État islamique, qui occupe le devant de la scène médiatique en matière d’action terroriste. L’attaque dans la capitale burkinabè vise donc également à réaffirmer l’existence et la capacité de nuisance d’Al-Qaïda, via sa branche africaine AQMI.

Les enquêteurs semblent s’orienter vers la piste d’une cellule d’AQMI commune aux attaques de Grand-Bassam (Côte d’Ivoire) en mars 2016. Un individu, Barry BATTESTI, a ainsi été arrêté le 26 mai 2016 à Abidjan pour avoir supposément participé aux deux attentats en conduisant les équipes terroristes vers Ouagadougou puis vers Grand-Bassam.

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