Les lycéens des métiers de la sécurité rencontrent Michel Catalano et Carolina Mondino

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La rencontre a des allures solennelles. Michel Catalano et Carolina Mondino sont accueillis par la classe de Terminale Bac professionnel de la Sécurité au lycée professionnel des Métiers de la Sécurité et de la Prévention du Vexin à Chars (95). Ils sont accompagnés de Romain Agure, ancien membre du GIGN (Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale) et auteur d’un livre sur le récit des attentats de janvier 2015, intitulé Kouachi : L’assaut final.

Alors que dans la plupart des établissements, les élèves sont dispersés et très bruyants avant d’entrer en classe, cette fois la classe est au garde à vous.

Les élèves sont au garde à vous à l'arrivée des témoins

Impressionnés de part et d’autre, ce sont bientôt les élèves qui vont écouter dans un profond silence les témoignages de Michel, Carolina et Romain.

Carolina Mondino s’exprime la première. Agée de 74 ans, elle en avait 69 lorsqu’elle s’est trouvée sur la Promenade des Anglais à Nice, le 14 juillet 2016, aux côtés de sa meilleure amie Jacqueline. Peu après la fin du feu d’artifices, Carolina sent un vent de panique parmi la foule. Lorsque le camion fou la percute et la projette contre un palmier, Carolina ne comprend pas ce qui lui arrive. Séparée de Jacqueline qui meurt sur le coup, elle est transportée d’urgence à l’hôpital, où elle restera plusieurs mois. Ces blessures sont alors très graves et la laisseront profondément marquée psychologiquement : « Je vivais avec la moitié de mon corps : une moitié avait la santé, l’autre moitié ne l’avait pas. Réunir les deux côtés de mon corps, ça a été un travail très dur ». Pendant sa convalescence, Carolina est partagée entre un sentiment de colère et la culpabilité d’avoir survécu : « Être une survivante c’est dur à surmonter : pourquoi les autres ? Pourquoi moi ? Je n’ai pas le droit d’être vivante ».

Seulement trois mois après l’attentat de Nice, Carolina témoigne de son sentiment de culpabilité

Carolina parle aussi de sa vie d’après : le traumatisme et aussi la reconstruction. Elle finit son témoignage d’une voix très calme, avec un conseil pour les élèves qui lui font face :

« Soyez forts et suivez toujours le droit chemin. Dans la vie, il y a le bon et le mauvais, ce sont deux chemins différents. Ne vous trompez pas ».

L’attentat de Nice – L’essentiel résumé par l’AfVT

Elle laisse ensuite la parole à Michel Catalano, qui fait part de sa difficulté à témoigner à chaque fois qu’il rencontre une classe. Conscient de l’émotion que leurs paroles peuvent susciter, Michel évoque pour lui-même et avec beaucoup d’émotions un « épuisement » car témoigner de la sorte lui demande beaucoup d’énergie. Le 7 janvier 2015, il se décrit d’abord comme « choqué » en entendant à la radio l’attentat de Charlie Hebdo, puis inquiet lorsqu’il suit la cavale des terroristes, les frères Kouachi, qui se rapprochent de son lieu de travail, tout en commettant d’autres attentats à Paris. Le vendredi 9 janvier, c’est là qu’il se trouve, dans son imprimerie à Dammartin-en-Goële en présence de son collaborateur et oubliant petit à petit les évènements des deux derniers jours. Arrivent alors les frères Kouachi, qu’il va tenter de distraire alors qu’il est lui-même habité d’une peur monstre, celle de mourir.

Les attentats de janvier 2015 – L’essentiel résumé par l’AfVT

Michel impressionne par sa rigueur et sa concentration lorsqu’il évoque son objectif, celui d’être « excessivement calme » pour protéger à tout prix son collaborateur, caché dans la pièce d’à côté. C’est pour lui miraculeux que son collaborateur et lui-même en soient sortis sans une égratignure même si la blessure psychologique est, elle, bien plus présente.

Michel Catalano se souvient de tous les détails de la prise d’otages, jusqu’au moindre bruit

Puis vient le tour de Romain Agure, ex-membre du GIGN qui a mené l’assaut contre les deux terroristes qui se retranchaient dans l’imprimerie de Michel, les frères Kouachi. Il connaît donc Michel puisqu’il s’agit d’un otage qu’il avait pour mission de sauver. Quand Romain arrive sur place, Michel vient de sortir de l’imprimerie et leurs regards se croisent : « Pour ceux qui n’ont jamais connu la terreur, ceux qui n’ont jamais connu la mort, vous ne pouvez pas savoir ce que c’est ».

Au moment de donner l’assaut final, Romain le décrit comme « une scène de guerre comme on en voit dans les films ».

Carolina, Michel et Romain face aux Terminales Bac Pro Sécurité

Carolina, Michel et Romain face aux Terminales Bac Pro Sécurité

Les élèves sont à présent en train d’écouter un professionnel qui connaît très bien le domaine des groupes d’intervention et de la sécurité. Eux-mêmes futurs professionnels de la sécurité, ils apprécient de connaître l’expérience de victimes du terrorisme et d’un membre du GIGN car ils travailleront un jour dans des corps de métier où ils seront confrontés à la menace terroriste.

Ce projet « Faire face au terrorisme » a pour but d’entendre la réalité du terrorisme et savoir comment il bouleverse les vies des victimes mais aussi de tous ceux qui s’y trouvent confrontés. La présence de Romain permet aux élèves de recueillir des conseils et de poser des questions sur l’attitude à avoir en cas d’attentat. A la fin de la rencontre, il en profite pour rappeler aux élèves que même si une certaine distance est de mise, la sensibilité et l’empathie pour les victimes du terrorisme est nécessaire. En effet, précise-t-il :

« Il faut que la victime soit reconnue, c’est le premier élément pour qu’elle puisse s’en sortir ».

Romain Agure conseille les Terminales quant à leur position vis-à-vis des victimes

Sur ces mots sonne la fin de la rencontre mais les élèves, encore très curieux, profitent d’un moment informel avec les témoins pour continuer les échanges.

 

 

Merci

À nos trois témoins

Aux élèves de Terminale métiers de la Sécurité

Monsieur Thierry Charlier, proviseur du lycée professionnel du Vexin et Monsieur Jérôme Vabois, proviseur adjoint

Eléa Desmots, professeure-documentaliste

Eric Cathelinaud, professeur de matière professionnelles, notamment les Gestes Professionnels Techniques en Intervention, ancien policier, pompier volontaire

Pascal Plique, professeur d’Anglais

A nos partenaires, la Région Île-de-France et la CAF95

Ile-de-France et CAF 95

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