France – Paris – Attentat de la rue des Rosiers

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  Lundi 9 août 1982

Attentat de la rue des Rosiers à Paris (France)

Alors que l’heure du déjeuner est bien entamée, plusieurs hommes pénètrent vers 13h15 dans le restaurant Jo GOLDENBERG, situé au 7, rue des Rosiers, dans le quartier du Marais, à Paris.

Bien habillés et munis d’armes automatiques – des pistolets-mitrailleurs WZ 63 de fabrication polonaise -, ils jettent une grenade à l’intérieur du restaurant avant de faire feu sur les clients attablés et le personnel.

L’attaque est rapide mais meurtrière, d’autant plus que le commando continue de tirer en remontant la rue, tuant et blessant plusieurs personnes parmi les passants.

Au moins 70 cartouches ont été percutées lors des tirs.

Le bilan officiel de cet acte terroriste est de 6 personnes tuées et de 22 blessés.

Les victimes décédées

  • Mohamed BENEMMOU
  • André HEZKIA NIEGO
  • Grace CUTLER
  • Anne VAN ZANTEN
  • Denise GUERCHE ROSSIGNOL
  • Georges DEMETER

De nombreux étrangers étaient présents sur les lieux de l’attaque. Parmi les 6 personnes décédées, 2 sont des citoyennes américaines (Anne VAN ZANTEN et Grace CUTLER). Au moins 2 autres Américains ont été blessés.

Les coupables sont difficiles à identifier

Les auteurs de cette attaque ont pu prendre la fuite malgré le fait que le quartier a été bouclé rapidement par la police.

De nombreuses personnalités familières du quartier étaient présentes quelques minutes après la fin de l’attentat comme le ministre Pierre MAUROY, le journaliste Jean-François KAHN, le comédien Roger HANIN et d’autres.

L’organisation terroriste d’extrême-gauche Action Directe dément toute responsabilité dans le massacre, malgré plusieurs attentats anti-israéliens qu’elle a commis et revendiqués à Paris.

Confiée au juge antiterroriste Jean-Louis BRUGUIÈRE, l’instruction s’oriente rapidement vers l’organisation palestinienne Fatah. Malgré les détails fournis par les nombreux témoins de l’attentat et les portraits robots qui s’ensuivent, les auteurs ne sont pas clairement identifiés. Par ailleurs, l’absence de revendication de cette attaque en plein Paris trouble les enquêteurs. L’hypothèse d’un groupe armé palestinien est politiquement la plus crédible mais demeure incertaine. Enfin, le déroulement de l’enquête souffre de l’ingérence de la cellule anti-terroriste créée par le président François MITTERRAND qui perturbe le travail des enquêteurs avec ce qui deviendra le scandale des Irlandais de Vincennes.

Compte tenu de l’absence d’éléments concrets relatifs à la piste palestinienne, les enquêteurs élargissent leurs investigations à d’autres groupes susceptibles de commettre des attaques antisémites. Une contre-enquête visera ainsi un groupe néo-nazi dont les membres pouvaient correspondre aux portraits robots établis avec les témoins de l’attentat, mais les investigations ne donnent rien, malgré certains défenseurs de cette thèse.

Une nouvelle analyse balistique

En 2007, le juge Marc TRÉVIDIC est chargé d’instruire l’affaire et succède à Jean-Louis BRUGUIÈRE.

Après de nombreuses années, l’enquête retrouve un nouveau souffle grâce à de nouvelles expertises balistiques. L’analyse des munitions recueillies sur les lieux de l’attentat conforte les enquêteurs qui penchaient au départ pour la piste de la nébuleuse terroriste palestinienne. En effet, après recoupements, il s’avère que les munitions des tueurs de la rue des Rosiers proviennent du même stock utilisé pour d’autres attentats par le Fatah-CR (Fatah-Conseil Révolutionnaire), organisation dissidente de l’OLP dirigée par Abou NIDAL.

Témoignages sous X

Les efforts de Marc TRÉVIDIC et des enquêteurs commencent à payer. En 2008, deux personnes acceptent de témoigner sous X, agissant ainsi de manière anonyme comme le prévoit la procédure pénale afin de les protéger contre d’éventuelles représailles. Ces témoins jouent un rôle-clé car ils sont d’anciens membres de la direction politique du Fatah-CR (Fatah-Conseil Révolutionnaire).

Les témoignages concordent et permettent d’identifier 3 membres du Fatah-CR comme étant les auteurs présumés de l’attentat de la rue des Rosiers.

Les suspects sont identifiés

Mouhamad Souhair Al-Abassi (alias Amjad Atta). Selon les témoins, il aurait supervisé l’attaque en choisissant la cible, la planification de l’opération, sans oublier de fournir les armes aux tireurs.

Mahmoud Khader Abed (alias Hicham Harb) et Walid Abdulrahman Abou Zayed seraient les deux principaux exécutants de l’attaque.

Mandats d’arrêt internationaux

Le 20 février 2015, l’affaire de la rue des Rosiers connaît un tournant majeur lorsque le juge Marc TRÉVIDIC émet des mandats d’arrêt internationaux contre ces trois membres du Fatah-CR. Résidant rétrospectivement en Cisjordanie, Jordanie et Norvège, les auteurs présumés de l’attentat vont vraisemblablement faire l’objet d’un feuilleton judiciaire visant à obtenir leur extradition en France afin d’être entendus par le juge Marc TRÉVIDIC.

Le 9 mars 2015, les parties civiles ont été convoquées pour se voir exposer un point judiciaire sur le dossier par le juge d’instruction.

L’Association française des Victimes du Terrorisme (AfVT.org) est partie civile et a mandaté Maître David PÈRE pour la représenter dans ce dossier.

Pour visionner le reportage d’Antenne 2 à l’époque de l’attentat (7’01)
avec les premiers témoignages à chaud sur les lieux de l’attentat :

Pour visionner le reportage de France 3 pour le 10ème anniversaire de l’attentat (3’06)
avec les témoignages de Jacques-Henri VARICHON (blessé par les tueurs) et Jo GOLDENBERG :

Source : INA

Le 8 mai 2014, Jo GOLDENBERG décède à l’âge de 91 ans sans avoir vu les auteurs de l’attentat jugés et condamnés. Absent des lieux lorsque l’attaque s’est produite, il s’est rendu au plus vite dans son restaurant pour constater l’ampleur de la tragédie. Son cousin figurait parmi les victimes.

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La vocation de l’Association française des Victimes du Terrorisme est d’agir au plus près des victimes du terrorisme pour accompagner leur travail de guérison, de reconnaissance, de vérité, de deuil et de mémoire tout en soutenant la lutte contre la banalisation de la violence et la barbarie.


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